Platon et Aristote (Détail de "L'école d'Athènes" de Raphaël, 1512) |
Si nôtre vie est moins qu’une journée
En l’éternel (1), si l’an qui fait le tour
Chasse nos jours sans espoir de retour,
Si périssable est toute chose née,
Que songes-tu mon âme emprisonnée (2) ?
Pourquoi te plaît l’obscur de nôtre jour,
Si pour voler en un plus clair séjour (3),
Tu as au dos l’aile bien empennée (4) ?
Là, est le bien que tout esprit désire,
Là, le repos où tout le monde aspire,
Là, est l’amour, là, le plaisir encore.
Là, ô mon âme au plus haut ciel guidée !
Tu y pourras reconnaître l’Idée
De la beauté, qu’en ce monde j’adore.
Du Bellay, L’Olive, 1549.
1. En l’éternel : dans l’éternité. 2. L’âme emprisonnée : l’âme prisonnière du corps. 3. Un plus clair séjour : le monde des idées de Platon. 4. Empennée : dotée pourvue de plumes, les « ailes de l’âme », toujours selon Platon.
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