vendredi 14 décembre 2018

Te regardant assise auprès de ta cousine… (Ronsard)

Botticelli, "Lettres d'ivoire", détail
Te regardant assise auprès de ta cousine,
Belle comme une Aurore, et toi comme un Soleil,
Je pensai voir deux fleurs d'un même teint pareil,
Croissantes en beauté sur la rive voisine,

La chaste, sainte, belle et unique Angevine,
Vite comme un éclair, sur moi jeta son œil :
Toi comme paresseuse, et pleine de sommeil,
D'un seul petit regard tu ne m'estimas digne.

Tu t'entretenais seule au visage abaissé,
Pensive tout à toi, n'aimant rien que toi-même,
Dédaignant un chacun d'un sourcil ramassé (1),

Comme une qui ne veut qu'on la cherche ou qu'on l'aime
J'eus peur de ton silence, et m'en-allai tout blême,
Craignant que mon salut n'eût ton œil offensé.

 Ronsard, Sonnets pour Hélène, 1578. 

 1. Ramassé :Replié.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire