Pieter Claesz, Nature morte à la bougie, 1627. |
Qui brave de la mort(2), sentira ses fureurs ;
Les soleils hâleront ces journalières fleurs,
Et le temps crèvera cette ampoule(3) venteuse.
Ce beau flambeau qui lance une flamme fumeuse,
Sur le vert de la cire éteindra ses ardeurs(4) ;
L’huile de ce tableau ternira ses couleurs,
Et ses flots se rompront à la rive écumeuse.
J’ai vu ces clairs éclairs passer devant mes yeux,
Et le tonnerre encor qui gronde dans les Cieux.
Ou d’une ou d’autre part, éclatera l’orage.
J’ai vu fondre la neige, et ces torrents tarir ;
Ces lions rugissants, je les ai vus sans rage.
Vivez, hommes, vivez, mais si faut-il mourir.
Jean de Sponde, Essai de quelques poèmes chrétiens, 1588.
(1) Mais sl : cependant. (2) Qui brave de la mort : qui brave la mort ; (3) Ampoule : Boursoufflure, image de la vanité de l’homme dans le temps de sa vie. (4) Dans ces vers 4 et 5, le poète reprend un lieu commun de la peinture baroque, la bougie qui se consume, image de la brièveté de la vie.
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