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Monet, Train de marchandises, 1872. |
Dans l’herbe noire
Les Kobolds(1) vont.
Le vent profond
Pleure, on veut croire.
Quoi donc se sent ?
L’avoine siffle.
Un buisson gifle
L’œil au passant.
Plutôt des bouges
Que des maisons.
Quels horizons
De forges rouges !
On sent donc quoi ?
Des gares tonnent,
Les yeux s’étonnent,
Où Charleroi ?
Parfums sinistres !
Qu’est-ce que c’est ?
Quoi bruissait
Comme des sistres(2) ?
Sites brutaux !
Oh ! votre haleine,
Sueur humaine,
Cris des métaux !
Dans l’herbe noire
Les Kobolds vont.
Le vent profond
Pleure, on veut croire.
Paul Verlaine, Romances sans paroles, 1874.
(1) Kobold : lutin facétieux dans les contes
germaniques.
(2) Sistre : Instrument de musique utilisé dans les
cultes antiques qui fait s’entrechoquer plusieurs tiges métalliques.
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