Caspar Friedrich, Coucher de soleil, 1830. |
Le matin doit-il toujours revenir ? La puissance terrestre ne finit-elle jamais ? Nos malheureuses occupations enlèvent à la nuit le charme qui lui appartient. Quand verra-t-on fumer sans cesse le sacrifice mystérieux de l’amour ? La durée de la lumière est déterminée, mais la durée et la puissance de la nuit sont sans bornes. Heureux sommeil, ne viens pas trop rarement consoler dans leur vie de chaque jour les élus de la nuit. Ils sont fous ceux-là qui te méconnaissent. Ils ne sentent pas ta présence dans les flots d’or qui découlent de la grappe, dans l’huile de l’amandier, dans le suc du pavot. Ils ne savent pas que c’est toi qui planes autour de la jeune fille et qui emportes son cœur au ciel ; ils ne pressentent pas que tu nous arrives du domaine des anciennes histoires, et que tu portes, messager secret, la clef de la demeure des bienheureux et des mystères infinis.
Novalis, Hymnes à la nuit (1800),
trad. Xavier Marnier, 1833.
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