Robert Walker Macbeth, Le Chant du rossignol, 1904. |
Debout dans la nuit, j’écoute et plus d’une fois,
J’ai été presque amoureux de la mort apaisante,
Je lui ai donné de doux noms en plus d’un vers pensif,
Pour qu’elle enlevât dans l’air mon souffle calme ;
Maintenant plus que jamais il semble délicieux de mourir,
De finir à minuit sans souffrance
Pendant qu’au dehors lu répands ton âme
Dans une telle extase !
Tu chanterais encore ; moi, j’aurais des oreilles qui n’entendraient pas —
Ton sublime Requiem résonnerait sur un tertre de gazon.
VII
Mais toi, tu n’es pas né pour la mort, immortel Oiseau,
Il n’y a pas de générations affamées pour te fouler au pieds ;
La voix que j’entends cette nuit fut entendue
Dans les anciens jours par empereurs et manants :
Peut-être cette même chanson fit tressaillir
Le triste cœur de Ruth , lorsque regrettant sa patrie,
Elle se tenait en larmes parmi les blés de l’étranger ;
Peut-être est-ce toi-même qui souvent as
Charmé de magiques fenêtres, s’ouvrant sur l’écume
Des mers périlleuses, en de féeriques terres délaissées.
John Keats, Poèmes et poésies, « Ode au rossignol »
(Poème de huit dizains, 1919), trad. de Paul Gallimard, 1910.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire