Si j’étais dans un bois poursuivi d’un lion,
Si j’étais à la mer au fort de la tempête,
Si les Dieux irrités voulaient presser ma tête
Du faix (1) du mont Olympe (2) et du mont Pelion (3) ;
Si je voyais le jour que vit Deucalion
Où la mort ne cuida (4) laisser homme ni bête,
Si pour me dévorer je voyais toute prête
La rage des flambeaux (5) qui brûlaient Ilion (6),
Je verrais ces dangers avecques (7) moins d’ennui
Que les maux violents que je souffre aujourd’hui
Pour un mauvais regard que m’a donné mon ange.
Je vois déjà sur moi mille foudres pleuvoir :
De la mort de son fils Dieu contre moi se venge
Depuis que ma Phillis se fâche de me voir.
Théophile de Viau, Les
Œuvres, 1623.
(1) Faix : lourde
charge.
(2) Olympe :
montagne qui sert de séjour aux dieux grecs.
(3) Pelion : mont
sur lequel résidaient les centaures.
(4) Cuida : crut
(croire).
(5) Flambeaux :
incendies.
(6) Illion : Troie.
(7= Avecques : avec.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire