samedi 22 décembre 2018

Si nôtre vie est moins qu’une journée (Du Bellay)

Platon et Aristote (Détail de "L'école
d'Athènes" de Raphaël, 1512)

Si nôtre vie est moins qu’une journée
En l’éternel (1), si l’an qui fait le tour
Chasse nos jours sans espoir de retour,
Si périssable est toute chose née,

Que songes-tu mon âme emprisonnée (2) ?
Pourquoi te plaît l’obscur de nôtre jour,
Si pour voler en un plus clair séjour (3),
Tu as au dos l’aile bien empennée (4) ?

Là, est le bien que tout esprit désire,
Là, le repos où tout le monde aspire,
Là, est l’amour, là, le plaisir encore.

Là, ô mon âme au plus haut ciel guidée !
Tu y pourras reconnaître l’Idée
De la beauté, qu’en ce monde j’adore.

 Du Bellay, L’Olive, 1549. 

 1. En l’éternel : dans l’éternité. 2. L’âme emprisonnée : l’âme prisonnière du corps. 3. Un plus clair séjour : le monde des idées de Platon. 4. Empennée : dotée pourvue de plumes, les « ailes de l’âme », toujours selon Platon.

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