dimanche 11 août 2019

Sonnet XCVIII (Shakespeare)

Gerard Soest, "Shakespeare", vers 1600.
From you have I been absent in the spring, 
When proud-pied April dress'd in all his trim 
Hath put a spirit of youth in every thing, 
That heavy Saturn laugh'd and leap'd with him. 
Yet nor the lays of birds nor the sweet smell 
Of different flowers in odour and in hue 
Could make me any summer's story tell, 
Or from their proud lap pluck them where they grew; 
Nor did I wonder at the lily's white, 
Nor praise the deep vermilion in the rose°; 
They were but sweet, but figures of delight, 
Drawn after you, you pattern of all those. 
    Yet seem'd it winter still, and, you away, 
    As with your shadow I with these did play.

 C’est au printemps que j’étais éloigné de vous, alors qu’Avril aux éclatantes couleurs, paré de tous ses atours, animait toute chose d’un tel esprit de jeunesse que le lourd Saturne riait et dansait avec lui.

Et pourtant, ni les chants des oiseaux, ni les suaves parfums des fleurs les plus diverses en odeur et en nuance, ne pouvaient me faire dire un conte d’été, ou cueillir un seul bouton au giron coquet qui l’offrait ;

Je ne m’extasiais pas sur la blancheur des lis, et je n’admirais pas le vermillon profond des roses ; je ne les aimais que comme des formes charmantes dessinées d’après vous, leur modèle à toutes.

Mais je me croyais toujours en hiver, et, vous absent, j’ai joué avec elles comme avec votre ombre.

 Shakespeare, Sonnets (1609), trad. François Victor Hugo, 1872.

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