« Jusqu'ici je n'ai fait que des chansons pour amuser.
» Ce sera mon premier et mon dernier poème.
» Je leur dirai
Prenez ces paroles, qu'elles ne soient pas une graine perdue !
Couvez mes paroles, faites-les croître, faites les parler !
» Mais que leur dirai-je ensuite ?
» Je n'ai qu'un mot à dire, un mot simple comme la foudre.
» Un mot qui me gonfle le cœur, un mot qui me monte à la gorge, un mot qui tourne dans ma tête comme un lion en cage.
» Ce n'est pas une parole de paix. Ce n'est pas une parole facile à entendre. Mais elle doit mener à la paix, mais elle doit rendre toute chose facile à entendre, pourvu qu'on la prenne comme la terre reçoit la graine et la nourrit en la tuant.
» Quand je serai pourri, dans quelques jours, que de ma pourriture sorte un arbre à paroles. Non pas des paroles de paix, non pas des paroles faciles à entendre, mais des paroles de vérité.
René Daumal, Les dernières paroles du poète, 1936.
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