jeudi 12 août 2021

Parfum exotique (Baudelaire)


Camille Pissarro, Crique avec palmiers, 1856,


Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d’automne, 
Je respire l’odeur de ton sein chaleureux, 
Je vois se dérouler des rivages heureux 
Qu’éblouissent les feux d’un soleil monotone : 

Une île paresseuse où la nature donne 
Des arbres singuliers et des fruits savoureux ; 
Des hommes dont le corps est mince et vigoureux, 
Et des femmes dont l’œil par sa franchise étonne. 

 Guidé par ton odeur vers de charmants climats, 
Je vois un port rempli de voiles et de mâts 
Encor tout fatigués par la vague marine, 

 Pendant que le parfum des verts tamariniers , 
Qui circule dans l’air et m’enfle la narine, 
Se mêle dans mon âme au chant des mariniers . 

Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1857.

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