lundi 23 août 2021

Solitude (Miloscz)

 

Constance-Marie Charpentier, Mélancolie, 1801.

Je me suis réveillé sous l'azur de l'absence

Dans l'immense midi de la mélancolie.

L'ortie des murs croulants boit le soleil des morts.

Silence.

 

Où m'avez-vous conduit, Mère aveugle, ô ma vie ?

Dans quel enfer du souvenir où l'herbe pense,

Où l'océan des temps cherche à tâtons ses bords ?

Silence.

 

Echo du précipice, appelle-moi ! Démence,

Trempe tes jaunes fleurs dans la source où je bois,

Mais que les jours passés se détachent de moi !

Silence.

 

Vous qui m'avez créé, vous qui m'avez frappé,

Vous vers qui l'aloès[1], cœur des gouffres, s'élance,

Père ! à vos pieds meurtris trouverai-je la paix?

Silence.

O. V. de L. Milosz, Autres poémes, 1917


[1] Aloès : Plante exotique, symbole du renouvellement de la vie.

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