vendredi 13 août 2021

Une saison en enfer (Rimbaud)

Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s’ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient. 
Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux. — Et je l’ai trouvée amère. — Et je l’ai injuriée. 
Je me suis armé contre la justice. Je me suis enfui. Ô sorcières, ô misère, ô haine, c’est à vous que mon trésor a été confié ! 
Je parvins à faire s’évanouir dans mon esprit toute l’espérance humaine. 
Sur toute joie pour l’étrangler j’ai fait le bond sourd de la bête féroce. ...

Rimbaud, Une saison en enfer, 1876.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire